Tu tournes en rond dans certaines relations, toujours les mêmes disputes, les mêmes frustrations ? Tu as l’impression de jouer au chat et à la souris sans jamais gagner ? Bienvenue dans le triangle de Karpman ! Ce modèle psychologique puissant, créé par Stephen Karpman, décrypte les relations toxiques et les jeux de rôle inconscients qui nous épuisent. On va voir comment identifier ces mécanismes et comment en sortir pour des relations plus saines et un leadership plus serein.
Qu’est-ce que le triangle de Karpman ?
Le triangle de Karpman, aussi appelé triangle dramatique, est un modèle relationnel qui décrit comment trois rôles psychologiques s’articulent dans nos interactions, surtout quand elles deviennent conflictuelles ou déséquilibrées. Inventé par le psychologue américain Stephen Karpman dans les années 1960, ce triangle montre que dans certains échanges humains, les personnes entrent inconsciemment dans un jeu de rôle basé sur trois pôles interdépendants : Victime, Sauveur et Bourreau.
Ces rôles ne sont pas figés – on peut passer de l’un à l’autre au cours d’une même conversation ou relation. Un peu à la manière des profils de l’ennéagramme, il s’agit d’une grille de lecture avant tout, et non d’une vérité absolue.
L’existence de l’un appelle automatiquement les deux autres. Cela crée une dynamique toxique qui nous fait tourner en rond sans résoudre les vrais problèmes.
Stephen Karpman : l’homme derrière le modèle
Stephen Karpman, psychiatre et psychologue américain né en 1937, a développé ce modèle alors qu’il était étudiant d’Eric Berne, le fondateur de l’Analyse Transactionnelle. Passionné par les dynamiques relationnelles, Karpman a observé que la plupart des conflits et drames humains suivaient un schéma récurrent à trois acteurs. Son triangle, publié pour la première fois en 1968, est aujourd’hui l’un des outils les plus utilisés en coaching professionnel, en thérapie et développement personnel pour comprendre les relations dysfonctionnelles.
Le triangle dramatique : Victime, Sauveur, Bourreau
Un jeu de rôles où, spoiler : tout le monde perd.
La Victime : « Pauvre de moi… »
Toujours impuissante, toujours à subir. Son cri de guerre ? « Pourquoi ça tombe toujours sur moi ?! »
Au boulot, c’est le collègue qui passe son temps à râler sur la charge, les conditions, les autres… mais qui ne propose jamais de solution. Elle attire la compassion, mais refuse les solutions. Parce que si elle sort de son rôle, elle perd aussi l’attention et le soutien qu’elle récolte.
Le Sauveur : « T’inquiète, je vais gérer… »
Celui qui veut aider tout le monde, même quand personne n’a rien demandé.
Son classique : « Laisse, je m’en occupe. »
C’est le manager qui fait les mails de son équipe, le collègue qui sacrifie ses vacances pour dépanner, le boss qui décide de tout “pour éviter que ça foire”. Il se sent indispensable… mais, en réalité, il rend les autres dépendants et les empêche de grandir.
Le Bourreau (ou Persécuteur) : « C’est ta faute. »
Lui, il critique, il rabaisse, il punit. “Encore une fois, t’as rien fait correctement !”
C’est le patron qui humilie en réunion, le collègue qui dénonce les erreurs des autres, le leader qui impose par la peur. Il croit gagner en autorité, mais en fait il s’isole et crée des résistances. Attention : ce n’est pas un vrai style de leadership, c’est un rôle plus qu’autre chose.
5 Exercices pour te redonner confiance
Tu penses être dans le Triangle de Karpman ? Tu as envie d’avoir plus confiance en toi et d’inspirer ton équipe et ton entourage ? Je te propose 5 exercices très simples pour faire un premier pas.
Les glissements de rôle : pourquoi tu passes du héros au méchant
Voici où ça devient vraiment pervers : ces rôles bougent ! Le Sauveur d’aujourd’hui devient le Bourreau de demain, puis la Victime d’après-demain. Mais si tu comprends ces glissements, c’est top : car c’est la clé pour t’en sortir.
Du Sauveur au Bourreau
Le Sauveur donne sans compter, parfois sans qu’on lui ait demandé. Il attend de la reconnaissance, mais n’en reçoit pas forcément. Il intervient à la place de l’autre, l’empêche de grandir et de prendre ses responsabilités.
Quand la personne aidée rejette ou résiste à son aide, le Sauveur peut se fâcher, se montrer dur, ou poser des limites perçues comme de la cruauté. Il devient alors le « méchant » aux yeux de celui qu’il voulait aider. C’est aussi la difficulté à dire non qui mène souvent à cette situation.
Exemple concret : Tu fais constamment les rapports à la place de ton collaborateur pour « l’aider ». Un jour, tu exploses et lui reproches de ne pas être autonome. Du coup, il te voit comme un tyran alors que tu pensais bien faire.
Du Bourreau à la Victime
Une fois perçu comme le méchant, l’ex-Sauveur se sent incompris, rejeté, accusé à tort. Il peut dire : « Après tout ce que j’ai fait pour toi… ». Il ressent un sentiment d’injustice, voire de trahison, et s’effondre émotionnellement.
Ainsi, il passe par les 3 rôles du triangle : Sauveur ➜ Bourreau (dans les yeux de l’autre) ➜ Victime (dans sa propre souffrance).
Pourquoi on tombe dans ces pièges ?
Tu le vois venir : ces rôles ne sortent pas de nulle part. Ils sont le fruit de conditionnements profonds :
Conditionnement personnel
Le Sauveur vient souvent d’un besoin d’être aimé, reconnu, utile. Il a appris, souvent enfant, que s’occuper des autres était la seule façon d’être accepté. Il a pu grandir dans une famille où il fallait « réparer » les choses ou les gens pour maintenir l’équilibre.
Manque d’estime de soi
Aider donne au Sauveur une valeur extérieure, mais au fond, il ne se sent pas digne sans cette mission. Cette dépendance à la reconnaissance le maintient dans le triangle, car il ne sait pas exister autrement.
Blessures d’enfance
Abandon, rejet, humiliation, injustice… Ces blessures nous font porter des masques relationnels comme celui du Sauveur, du Bourreau ou de la Victime. Un sujet récurrent en coaching mental : on répète inconsciemment les schémas pour éviter de revivre ces douleurs.
Comment sortir du triangle de Karpman ?
Le triangle dramatique, ou triangle de Karpman, c’est ce jeu relationnel où chacun endosse tour à tour trois rôles : la Victime, le Sauveur, ou le Bourreau. Ces postures entretiennent des relations toxiques et stériles, qui finissent par épuiser tout le monde.
Le premier pas pour s’en libérer, c’est de prendre conscience du rôle que tu joues. Ensuite, transformer la posture au lieu de la subir.
Observer tes automatismes : dans quelles situations bascules-tu dans chaque rôle ?
La première étape, c’est la prise de conscience. Note pendant une semaine dans quelles situations tu bascules automatiquement dans chaque rôle. Tu joues la Victime quand ton patron te critique ? Tu deviens Sauveur dès qu’un collaborateur exprime une difficulté ? Cette observation sans jugement te permet d’identifier tes déclencheurs et de reprendre le contrôle avant de plonger dans le triangle.
Apprendre à dire non : préserver ton temps et ton énergie, sans culpabiliser
Le « non » est l’antidote du Sauveur compulsif. Apprends à refuser les demandes qui maintiennent les autres dans la dépendance. Un vrai « non » bienveillant offre une alternative : « Je ne peux pas faire ce rapport à ta place, mais je peux te montrer comment t’organiser. » Cette capacité à poser tes limites te libère du sauvetage systématique.
Exprimer clairement tes besoins : sans manipulation, ni sacrifice
Fini les sous-entendus qui mènent à la frustration. Exprime directement ce que tu attends : « J’ai besoin que tu respectes les deadlines » plutôt que « Tu ne fais jamais rien à temps. » La communication directe évite les malentendus et les ressentiments.
Laisser l’autre vivre ses expériences : tu ne peux pas sauver tout le monde
Le Sauveur a du mal avec cette règle : laisser les gens faire leurs propres erreurs et en tirer leurs leçons. Si ton collaborateur refuse tes conseils et se plante, c’est son apprentissage. Sauver quelqu’un de ses expériences, c’est l’empêcher de grandir.
Te reconnecter à toi : qui es-tu en dehors de ces rôles relationnels ?
Qui es-tu quand tu ne joues aucun de ces rôles ? Prends du temps pour toi, sans mission de sauvetage. Reconnecte-toi à tes vraies valeurs, tes passions. Cette reconnexion à ton identité profonde te sort du triangle pour te ramener à ton authenticité.
Pourquoi c’est la clé pour les dirigeants d’entreprise et managers ?
Comprendre le triangle de Karpman, c’est faire évoluer ta manière de manager ou de diriger. Tu seras d’accord avec ça : mieux vaut éviter de tisser des relations basées sur le sauvetage, la peur ou la plainte. À la place, tu installes une communication claire, responsabilisante et respectueuse.
Un leader qui sort du triangle devient un leader qui inspire, qui guide sans dominer, qui confronte sans détruire. Et mécaniquement, son équipe gagne en autonomie, en engagement et en performance. Ainsi raisonnent les plus grands leaders de notre temps.
C’est exactement le travail que je mène en coaching mental : identifier tes schémas, les transformer, et faire émerger une posture de leader aligné, solide et inspirant. Tu veux explorer comment ces stratégies s’appliquent à ta propre situation ? Je te détaille mes programmes de coaching mental ici :
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FAQ : Triangle de Karpman
Quand le Sauveur devient-il victime dans un triangle dramatique ?
Le Sauveur bascule en Victime quand son aide est rejetée ou mal perçue. Après avoir donné sans compter, il se sent incompris, non reconnu, voire accusé à tort. Il passe alors de « Je t’aide » à « Après tout ce que j’ai fait pour toi… ». Ce glissement arrive souvent quand le Sauveur impose son aide sans qu’on la lui demande, puis se sent trahi quand l’autre résiste ou ne montre pas de gratitude. Il devient alors la Victime de son propre besoin de sauver les autres.
Comment savoir si on est dans le triangle de Karpman ?
Plusieurs signaux t’alertent : tu répètes toujours les mêmes conflits avec les mêmes personnes, tu te sens épuisé par certaines relations, tu oscilles entre colère et culpabilité face aux mêmes situations. Concrètement, demande-toi : est-ce que je me plains souvent sans agir (Victime) ? Est-ce que j’aide les autres même quand ils ne demandent rien (Sauveur) ? Est-ce que je critique et juge facilement (Bourreau) ? Si tu reconnais ces schémas, tu es probablement pris dans le triangle.
Comment puis-je me détacher des jeux psychologiques ?
La première étape, c’est la prise de conscience de ton rôle dominant dans le triangle. Ensuite, développe ton assertivité : exprime tes besoins clairement, pose tes limites sans culpabiliser, et laisse les autres assumer leurs responsabilités. Pratique l’observation de tes automatismes relationnels avant de réagir. Et pour aller plus vite, sache qu’un coaching pour dirigeant permet d’identifier ces schémas inconscients et de développer une posture relationnelle plus mature et authentique, la base d’un leadership serein.